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La politique et la société à rebrousse-poil
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La politique et la société à rebrousse-poil
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10 octobre 2010

Malalai Joya, un cri pour la démocratie.

Il y a de ces gens  aujourd’hui qui ont des idoles bien curieuses, empreintes de ridicule et d’insolence gratuite. Leur succès ne tient qu’à un fil, au fil des modes, au fil du temps. Elles l’on acquit en déhanchant leur corps ultra protéiné sur le rythme énervant d’une musique synthétique. Elles l’ont volé au détour d’une photo faussement improvisée et qui dévoile un sein, un piercing ou de la cocaïne au fond  d’une narine épilée. Pire encore ! Elles sont connues pour être la femme ou le mari d’une star défraichi d’un temps où les K7 faisaient ravage. Ces gens-là, souvent jeunes, assidus lecteurs de revues mensongères ne  liront pas ces quelques lignes. Je me permettrai donc de critiquer leur monde indolore, leur monde incolore, un monde où l’on broie du vide dans la grande marmite de l’ignorance pour en sortir des milliards de dollars. Pauvres gens ! Au moins, leur monde lumineux ne fait pas de mal. Des paillettes n’on jamais tué, pas directement. Je ne leurs en veux pas. J’ai juste un soupçon de peine planté au fond du cœur…malalai_joya

 

Car mon idole à moi est tout autre. Ses cheveux sont brun, souvent lâches sur ses frêles épaules, ses yeux noirs éclatants de sincérité sont ouvert sur des horizons nouveaux. Son regard est franc, puissant, intelligeant. Il vous transperce, vous interpelle. Malalai est belle, d’une beauté qu’on a oubliée. Une beauté subtile et raffinée. Une beauté qui ne se voit qu’au deuxième coup d’œil. Mais Malalai ne le sait pas et ses cris de rage et de désolation n’on pas finit de raisonnés aux quatre coins de ce monde décadent. Malalai, dis-moi, qu’est ce qui te fait si peur ?

 Malalaï Joya : un nom acidulé comme un nom de friandise. Il est pourtant symbole de liberté. Ce nom ne tient pas du hasard. C'est son père qui a choisi le prénom de l'aînée de ses dix enfants en souvenir d'une héroïne de l'histoire Afghane, Malalaï de Maiwand, qui s'est rendue en 1880 sur un champ de bataille afin de combattre les Britanniques. Une femme valeureuse, prête à se sacrifier pour son peuple et ses idées. Aujourd’hui, un disciple est né. Quant au nom de Joya, c'est elle qui l'a choisi. Normalement, une femme ne porte que le nom de son père puis de son mari. Malalai a décidé de reprendre le nom d'un combattant pour la liberté qui a été exécuté après avoir refusé les ultimes compromis qui auraient sauvé sa tête. Malalai adore cet homme et veux reprendre son héritage. Elle dit ne pas vouloir mourir mais, à 32 ans, elle accepte les risques au nom de son peuple.

Un peuple qu’elle a du fuir à l’âge de 4 ans lorsque, avec sa famille, elle a quitté l’Afghanistan alors pris entre les mains des soviétiques. D’abord l’Iran puis, à 8 ans, le Pakistan. Dans le camp de réfugiés où elle a grandi, elle a entendu des histoires toutes aussi atroces les unes que les autres. Les rescapés lui racontaient la terreur que faisait régner à Kaboul les Russes puis les Moudjahidin du temps du commandant Massoud. Pour elle, les uns comme les autres sont des criminels de guerres et leurs combats sont de simples conflits d’intérêts. Leurs idéaux sont les mêmes. Ils ont du sang sur les mains et c’est ce qui insupporte le plus Malalai, d’autant que ces barbares restent encore impunis. A 20 ans, une ONG l’a repéré et lui a proposé d’animer en Afghanistan un réseau clandestin d’école pour les filles. Malalai avait beaucoup étudié dans le camp de réfugiés, notamment l’anglais. Elle avait même fini par enseigner aux autres femmes et à sa mère. Malgré une longue hésitation, sa famille l’a suivit dans la région de Farah, au sud-ouest de l’Afghanistan. Les Talibans faisaient régner la terreur à leur tour depuis 1996. Ils espionnaient, violaient, tuaient arbitrairement. Malalai et ses élèves ont eu peur. Apprendre à lire était interdit. Mais le 11 septembre 2001 est arrivé et un mélange de craint et d’espoir se faisait sentir dans le cœur des Afghans. La crainte de la guerre d’abord. La guerre entre les Américains et les Talibans. Mais l’espoir de voir les Occidentaux instaurer une démocratie était fort. Malalai a vite déchanté.

Portée par sa popularité dans sa province, Malalai a été élue une première fois dans une assemblée de 500 personnes chargée d’examiner un projet de Constitution en décembre 2003. Puis, en novembre 2005, elle a fait son entrée au nouveau Parlement afghan. Lors de la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire, Malalai Joya avait prononcé cette phrase : "mes condoléances au peuple afghan". malalaijoya

Et c'est là que, après sa dénonciation de la présence des seigneurs de la guerre et des corrompus de l'opium au sein même de l’assemblée, on lui a joué les pires tours, coupant mon micro et menaçant, à l'intérieur même de l'hémicycle, de la violer, de la tuer. Malalai n’a pas fléchi. Par la suite, le 20 mai 2007, à la télévision, Malalai Joya a comparé l’assemblée des députés afghans à un "zoo" et "une étable mal tenus" : «Dans une étable, il y a des vaches qui donnent du lait et des ânes qui portent des fardeaux. Mais eux, ils sont pires que des vaches et des ânes, ils sont comme des dragons». Le lendemain, la Chambre basse du Parlement afghan a fini par voter son exclusion en invoquant une loi interdisant les injures et les moqueries. Une loi qui, curieusement, ne s’applique pas lorsqu’ils s’insultent entre eux. Eux les criminels ! Eux les mâles en mal de puissance !

Tant pis, Malalai continue de faire passer son message. Elle a peut-être perdu le parlement afghan mais elle a gagné le reste du monde. Elle est invitée à de nombreuses conférences données par des ONG dans différents pays et les récompenses pleuvent sur son courage. Ces honneurs ne la satisfont pas pour autant et sa voix éclatante continue d’interférer avec  les rengaines monotones des grands manitous de ce monde.

Malalai continue de dire haut et fort ce que tout le monde pense tout bas : "les deux vices présidents d’Hamid Karzai, Qasim Fahim et Karim Ralili, sont deux hommes cruels. Les deux ont été accusés de crimes de guerre par Human Rights Watch. Et beaucoup de ceux qui gravitent autour de Karzai sont des criminels de guerre recherchés. Ils ont des postes élevés, ils sont au parlement, ils sont dans les ministères, ils ont même des fonctions dans l’administration judiciaire, mais avant tout ils sont corrompus", explique-t-elle.

Ce que Malalai Joya dénonce est connu, archiconnu. C'est le plus grand secret de Polichinelle de l'Afghanistan. Le premier ministre Stephen Harper le sait, son ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, aussi. Même chose pour le président Obama et tous les dirigeants des pays occidentaux engagés en Afghanistan. Mais tout le monde ferme les yeux. Tous, sauf Malalai Joya et quelques Afghans courageux qui osent parler haut et fort. La jeune femme de 32 ans ne fait pas dans le politiquement correct : « Massoud n'est pas un héros, c'est le boucher de Kaboul. Les seigneurs de guerre sont des criminels et devraient être poursuivis en justice» Elle reproche à l'ancien chef de guerre du Nord d'avoir laissé les milices piller la capitale, en 1992, après le départ des Soviétiques. Mais elle est tout aussi critique à l'encontre des talibans, adversaires victorieux de Massoud, ou de la coalition occidentale, qui a délogé les talibans en 2001.afghanistan_obama

Aujourd’hui la vie de Malalai est infernale. Elle a échappé à quatre attentats. Elle ne se déplace jamais sans ses gardes du corps et elle change de maison tous les deux jours. Elle se cache sous une burqa lorsqu’elle se déplace en Afghanistan. Une burqa qui la dégoute mais qui protège pourtant sa vie. Si Malalai vit comme une fugitive dans son propre pays, c’est pour continuer à faire passer son message. Elle rêve d’un temps où la démocratie triomphera sur la corruption (celle de la drogue et des armes). Un temps où les Américains quitteront sa terre et où les négociations avec les Talibans seront finies. Malalai rêve d'un monde meilleur pour son peuple et, à travers lui, pour la terre entière. Son combat est peut-être vain mais il a le mérite d'être vrai. Il a le mérite d'être sincère et profond avec pour seul but de voir naitre une démocratie. Malalai, je rêve avec toi...

Mais, tu sais, je crains que le nature humaine est ainsi faite. Regarde l'histoire. Depuis la nuit des temps, les hommes ont vaincu par leurs armes, par leur force et leur triste fierté. Toi, tu n'as que ta hargne et ton courage. C'est beaucoup mais pas assez dans notre bas monde, si bas. Ton combat est pure, dénué d'intérêts personnels mais résonnera-t-il assez aux oreilles des puissants. Car les Occidentaux ont tant d'intérêts à ce que rien ne change...Les armes, la drogues, la politique...Des activités qui les enrichissent tous. Mais ne t'arrête pas. Je rêve avec toi...

 

réf images: www.wordpress.com

 www.independent.co.uk

 www.paperblog.fr

 

 

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