Areva a rêvé.

26 septembre 2010

Le poil s'hérisse quand l'actualité le trompe, quand les grands manitous de ce bas monde si hostile à la vie sereine n'en font qu'à leur tête. Mars finira par devenir plus facile à vivre pour les petits être humains que nous sommes!
Quoi? qu'entends-je? Qu'ouïs-je?
Un enlèvement d'employés du groupe Areva? Et tout le monde est surpris? Areva en premier lieu. Le gouvernement français en second. Stop! temps mort! remettons un peu d'ordre dans tout ce brouhaha mécanique et médiatique.
Le poil n'y était pas mais il s'informe. Il confronte les sources, les approfondies, les analyse un peu. Alors voilà.
Dans la nuit du mercredi 15 septembre au jeudi 16 septembre dernier, sept personnes dont un salarié d'Areva, son épouse et cinq salariés de SOGEA-SATOM (filiale du groupe VINCI et qui réalise des travaux de bâtiment, de forage et de génie civil) sont enlevés à leur domicile à Arlit. On soupçonne rapidement le groupe Aqmi (Al Quaida du Maghreb islamique d'en être l'auteur). Pourquoi le soupçon semble être une évidence alors que dans la région du Sahel, les petits groupes armés sont nombreux? Peut-être parce-que l'Aqmi avait anoncé des représailles en juillet dernier, après l'enlèvement de Michel Germaneau. Curieusement, les médias n'en font pas mention...Ou si peu. La crédibilité du gouvernement français et nigérien en même temps que celle du grand groupe d'extraction d'uranium comme Areva en serait si affaibli! Et puis, cela serait d'autant plus problématique quand on sait que la sécurité n'avait pas été renforcée à Arlit, même après l'annonce de ces représailles. Oubli involontaire ou stratégie réfléchie. Toujours est-il que la vie de sept innocents est celées entre les mains d'un groupe pas plus puissant qu'un état comme la France mais plus déterminé, semble-t-il.
La polémique sur la sécurité mis en œuvre par le groupe Areva enfle et inonde les médias. Le vrai problème est occulté. Comme toujours, la presse focalise l'attention de nous, pauvres citoyens mal informés, sur certains points seulement pour pouvoir écouler leurs stocks de journaux en créant une "polémique" comme on crée une série télé avec, à chaque épisode, toujours plus de trahisons, de démentis ou de rebondissements. Les médias, loin d'être philosophes, oublient de parler du contexte des régions où un évènement se produit.
Areva a rêvé en croyant pouvoir indéfiniment piller le sol nigérien sans éveiller le sentiment d'injustice dans le coeur des autochtones. Areva est implanté dans le désert nigerien depuis 42 ans. Et depuis tout ce temps il épuise les ressources en uranium du pays. L'usine comme le gouvernement nigérien y trouvent leur compte tandis que les plus démunis le sont d'avantage. C'est le cas des Touaregs qui ont deux possibilités lorsqu'un groupe de forage débarque sur leur sol. Soit ils acceptent de partir, soit ils se rebellent. C'est ainsi qu'est né en 2007 le Mouvement Nigérien pour la Justice. Un mouvement qui réclame, entre autres, une meilleure répartition des revenus des richesses naturelles, issues des régions du nord, dont l'uranium et le pétrole et la fin de sa surexploitation. Car il faut savoir que, par exemple, en 2007, 122 permis d'exploitation ont été accordés par le gouvernement nigérien, en toute impunité. Non seulement les plus riches s'enrichissent sur le dos des plus pauvres mais, aussi, ils ont l'indescence de ne pas le faire sur leur propre sol. Si j'étais un poil écœuré par cette attitude, j'irais jusqu'à dire qu'une forme de colonisation moderne existe dans cette région, comme dans tant d'autres dans le monde, là où les multinationales ont le dernier mot. Mais au fait....je suis vraiment écœuré! Alors je persiste et je signe!
Depuis la nuit des temps, ce sont les plus innocents qui trinquent. Il est tellement plus simple d'enlever un ouvrier chez lui, au cœur du désert que d'aller chercher un patron multimilliardaire coincé sur son fauteuil en cuire, au bout du couloir du dernier étage de sa tour dorée, son QG. Si j'étais enrollé dans un groupe armé, j'aurais procédé de la même façon. Ne nous étonnons plus. Les enlèvements se multiplieront d'autant plus si le monde entier se rend compte avec quelle facilité ils peuvent être réalisés. Quelle honte pour l'état français de se faire devancer de la sorte par des groupes dont les moyens et la force est loin de valoir celle de notre armée. Une honte qui me fait rire avec sarcasme et amertume.
Le pays des droits de l'homme s'embourbe de toutes part dans sa politique opaque et mensongère. Vivement du renouveau en 2012 même si ce ne sera que du pire un peu moins pire.
Le poil pense juste, en cette fin d'article, à Michel Germaneau, au sept otages isolés à l'est du Mali et à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier dont les 300 jours de captivité seront bientôt atteint.